Partage ou concurrence entre tradition orale et support écrit ?
Il serait réducteur de penser que la tradition orale et la musique écrite sont en opposition radicale. Souvent, à travers les âges, ces deux courants coexistent et s’enrichissent mutuellement. Certains styles, aujourd'hui encore, naissent dans un va-et-vient subtil entre mémoire collective et travail sur papier. Prenons quelques exemples.
1. Le folklore auvergnat :
Dans les régions comme l’Auvergne, où les bourrées et les chansons à répondre rythmaient le quotidien, les mélodies se transmettaient oralement. Ce n’est qu’au XIXe siècle, avec l’essor des collectes folkloriques par des chercheurs comme Félix Arnaudin ou Joseph Canteloube, que ces répertoires ont été transcrits. Cependant, aucune partition ne saurait rendre la richesse des nuances vocales ou des coups d’archet d’un musicien local. La transmission orale, ici, forgeait un style personnel, presque inimitable.
2. Les musiques actuelles :
Il est intéressant de noter que nombreux genres modernes, du jazz au hip-hop, fonctionnent encore majoritairement sur l’oralité. Bien sûr, il existe des transcriptions de solos célèbres ou des partitions pour ensembles jazz, mais la création et l’apprentissage dans ces styles reposent souvent sur l’écoute active, l’improvisation, et l’interaction en direct. Le jazz, en particulier, est un exemple frappant où les idées musicales les plus marquantes se transmettent sans passage systématique par la notation.
Dans le hip-hop, l'écriture des paroles joue un rôle central, mais les performances, reprises et remixes de thèmes célèbres par des MC ou des DJ relèvent d’une dynamique de transmission auditive proche des traditions orales ancestrales. Le support écrit est ici périphérique.