« Adieu Privas » : histoire d’une chanson marquée par l’exil
La version recueillie par La Belle Affaire s’inscrit dans une longue suite d’interprétations. Mais que nous raconte vraiment « Adieu Privas » ?
À l’origine, la plainte du jeune homme qui doit quitter sa région pour chercher travail ou fortune ailleurs. On y pressent l’amertume, l’attachement au “pays”, et une forme de dignité silencieuse : « Adieu Privas, Adieu montagnes ». Cette double formule, chantée sur un mode mineur, noue le paysage à l’intime, le chant collectif à la vulnérabilité individuelle.
Sur le plan ethnomusicologique, la chanson privadoise s’apparente aux « chansons d’émigration » connues dans tout le Sud rural à partir du XIX siècle : Ardèche, Drôme, Haute-Loire, mais aussi Limousin et Creuse. Selon l’ouvrage « Chansons populaires de l’Ardèche » (P. Lachaux, 1973), « Adieu Privas » fut composée dans la tradition orale entre 1830 et 1850, puis vive une “seconde jeunesse” lors de l’exode rural massif du début du siècle suivant.
- Privas, chef-lieu ardéchois, voit son nombre d’habitants augmenter seulement de 7% entre 1840 et 1900, là où Lyon double quasiment sa population (Chiffres issus de l’INSEE).
- La chanson est citée dans plusieurs carnets de conscrits, notamment lors du service militaire obligatoire jusqu’en 1997.
Cette nostalgie chantée fut aussi entendue sur les places de villages, lors des fêtes nocturnes après la fenaison ou dans l’intimité des veillées. Les textes varient, mais le sentiment reste : dire adieu à un monde qu’on quitte, que l’on n’est pas sûr de retrouver.